Karim Sauvage : Il faut déjà savoir que dans le secteur médico-social, l’accidentologie est trois fois supérieure à celle des autres secteurs d’activité. On observe ainsi trois principaux risques. Tout d’abord, ceux en lien avec la manipulation la manutention manuelle et pour lesquels la sollicitation musculaire peut être importante et entrainer un accident. Ce risque est dans la catégorie des troubles musculo-squelettiques (TMS) : s’occuper de femmes et d’hommes, les accompagner dans leur parcours de soin engendre des situations potentiellement douloureuses pour le corps. Il est indispensable de les prendre en compte. Le second risque concerne les chutes de plain-pied. Nos métiers en établissements obligent à maintenir un rythme soutenu, sont très sollicitant et génèrent beaucoup de déplacements que nos personnels soignant n’ont pas toujours la possibilité d’effectuer posément. Travailler sur les circulations, les revêtements ou encore l’adaptation de l’environnement de travail est ici encore un axe de prévention. Enfin, le troisième risque est dans la catégorie de ce que je nomme « chocs, coups et heurts ». Il est possible d’agir sur ce risque en travaillant notamment sur l’organisation et l’adaptation du matériel aux besoins de nos équipes. Comme les chutes de plain-pied, ce risque est très présent dans nos métiers. Ces trois risques représentent 80% de l’accidentologie dans nos établissements. Mais il est possible d’agir et de soustraire nos collaborateurs du risque pour garantir un lieu de travail sûr et sain.
K. M. : Les conséquences de ces accidents sont nombreuses et elles concernent en premier lieu nos collaborateurs. Notre premier devoir est donc de les éviter. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit d’accident générant un arrêt de travail, il faut recruter des remplaçants dans un secteur déjà en tension. Il faut ensuite les former aux spécificités de l’établissement et à l’utilisation du matériel, bien souvent réorganiser les plannings… tout cela peut déstabiliser les équipes et engendrer d’autres risques. Limiter ces risques, en créant un environnement de travail propre, ordonné et sain, c’est limiter les accidents. C’est aussi fidéliser notre personnel soignant et accompagnant et ainsi réduire le turn-over dans les équipes.
K.M : J’ai d’abord été pompier pendant 10 ans. Puis, il y a 27 ans, j’ai démarré dans ce métier dans l’industrie pharmaceutique où j’ai mis en place de l’une des toutes premières politiques HSE (Hygiène Santé Environnement) en France. J’ai ensuite exercé mes fonctions dans de nombreux secteurs comme la finance, l’immobilier ou encore la restauration collective. Le point commun à toutes ces missions ? La réduction des accidents du travail et la réduction de l’impact du travail sur la santé. C’est toujours l’objectif. Le challenge se situe dans la diversité des environnements de travail et des enjeux.
K.M : Evidemment ! Le challenge de la découverte d’un nouveau secteur d’activité essentiel à la société, de surcroit dans une entreprise en pleine transformation. Je me suis beaucoup déplacé à la rencontre des équipes sur le terrain où j’ai pu constater à quel point nos collaborateurs sont engagés. Ma première conclusion a été la suivante : à toutes ces personnes pour qui le soin est une vocation, nous devons offrir des environnements de travail sûrs, leur permettre de travailler dans les meilleures conditions. Ils doivent de leur côté absolument prendre conscience que leur santé est aussi importante que celle des personnes qu’ils soignent. Ceci est vrai chez ORPEA, comme dans tous les secteurs d’activité, chacun doit être pleinement conscient de l’importance de prendre soin de son corps et de sa santé, son capital le plus précieux.
K.M : Notre priorité au niveau du Groupe ? Reposer les bases d’une culture santé-sécurité, l’intégrer dans les fondements de l’entreprise mais surtout dans son fonctionnement. Il s’agit également de continuer à investir dans le matériel technique et de délivrer l’information et la formation appropriée pour un usage dans les meilleures conditions de sécurité. La formation est aussi, bien évidemment, une priorité. Pour parvenir à nos objectifs, nous avons mis plusieurs actions en place. Nous renforçons et accélérerons la formation des acteurs en prévention des risques liés à l’activité physique (PRAP2S) sur des formations spécifiques et en lien direct avec les risques de nos métiers. Nous renforçons également notre réseau de référents santé-sécurité en établissement et nous déployons des supports d’animation et de sensibilisation. Je pourrais vous citer, par exemple, le « sécurimètre », un data board très visuel qui recense les données de l’accidentologie dans nos établissements en France. Nous allons lancer très bientôt nos « essentiels », un référentiel sécurité. En bref, le challenge est grand et passionnant !
Merci beaucoup, Karim !